Eh bien ! Je viens de lire les pages précédentes de l’almanagora, c’est pas triste ! Zoé et Taner sont en train de jouer de la guitare. Alice est partie se promener avec Jules. Elle me fuit un peu, depuis ce weekend… Je sais qu’elle était au bar, samedi, qu’elle a fait la fête avec Iolé et Gaëlle et toute la clique présente. Il paraît qu’elle s’est complètement lâchée. C’est Alyzé, l’apprenti boulanger, qui l’a raccompagnée tellement elle était ivre. Je passe les détails, mais ce n’était pas glorieux quand je l’ai retrouvée, le matin, quand je me suis réveillé. J’étais en colère, et aussi jaloux, un peu de n’avoir pas participé à la liesse. De ne pas avoir partagé cette joie collective. Et surtout la joie d’Alice. Je sens qu’elle a besoin d’espace, de liberté. Mais cela me peine, car je me sens mis à l’écart. Nous avons tenté d’échanger, mais c’était encore trop frais. Et j’ai eu l’impression d’être un rabat-joie, cela me fait souffrir. Mais je reste confiant sur le fait qu’on va réussir à dialoguer. Déjà, de pouvoir la lire dans l’almanagora me fait réfléchir. J’ignorais qu’Alice était si bouleversée par le départ de Mathias. Moi-même cela me travaille, mais je n’arrive pas à mettre des mots dessus. Je ne souhaite pas qu’Alice culpabilise d’être elle-même et heureuse. Je sais que si je ne veux pas la perdre, je vais devoir accepter qu’elle s’éclate autant sans moi. C’est nécessaire… Qu’elle trouve sa place au-delà de sa relation aux enfants et à moi. Une place qui n’est pas encore définie, puisqu’elle s’est beaucoup consacrée à nous, depuis toutes ces années. À moi de voir comment je peux également me ressourcer hors de la famille, afin de mieux la retrouver. Que nous soyons tous les deux bien vivants et chargés, quand nous nous retrouvons à deux. Et que les enfants nous sentent épanouis pour grandir et faire leur vie. Bon, je suis allé loin, je m’en excuse, car je voulais parler de l’eau au village, mais autre chose de personnel m’anime en ce moment.
Photo de João Cabral