Merci à toi, mon cher voisin, et à tous ceux de ta famille qui, depuis des décennies, ont fait le pari de faire confiance. Accueillir. Ouvrir les terres, proposer à ceux qui ont envie d’y bâtir une cabane, une maison, d’y poser une yourte, une chèvre, un dindon, une serre, une caravane, une poule, une vache, un bus en partance pour l’autre bout de l’Europe (qui a mis des années avant de décoller), même un chapiteau de cirque ! Merci à tes aïeux d’avoir dit oui quand beaucoup auraient dit non. Oui à ceux qui viennent des villes, ceux qui ne connaissaient pas tellement la campagne… Oui à ceux qui ont envie. Oui à ceux qui ne choisissent pas les centres-bourgs, les centres-villes, mais qui essaient de s’installer au fin fond d’un territoire, parce qu’ils ont un projet un peu fou… Merci d’avoir cru en tous ces projets, depuis des années, et d’avoir permis à tous ces jeunes (et désormais moins jeunes) de faire vivre cette Agora, de la nourrir d’idées nouvelles, de la renouveler. Félicitations, car sans cette ouverture de famille comme la tienne, nous serions restés figés dans un triste cloisonnement des terres, des cervelles et des cœurs, propres aux années 2000 ! Sans cette ouverture, il n’y aurait jamais eu le hangar, le festival “rat des villes, rats des champs”, la miellerie, la brasserie, la fromagerie, l’auberge, les camps d’été, les concerts, les kermesses et j’en passe. Merci, Alain…
Alain : Ah Marianne, tes mots me touchent. Tu sais, je ne les mérite pas entièrement. Celui qui nous a montré l’exemple, c’était Damien Jouty, Maire du Village de 2020 à 2030. Il a révolutionné les pratiques ! J’étais enfant, à l'époque, mais je me souviens de sa philosophie. Il avait pour habitude de dire que la vie d’un village commençait quand on enlevait les serrures aux portes. Les agriculteurs étaient fous, quand ils voyaient comment il distribuait sans compter les terres à des projets collectifs et associatifs. Ça a bousculé, mais moi, ça m’a inspiré… Quand j’ai vu le vieux Jean-Paul tout fier de transmettre ses savoirs aux premières familles installées dans la vague d’exode urbain des années 2020, lui qui faisait tellement la tronche et qui voulait les accueillir à coup de fusil ! On a tous changé, petit à petit. On y a gagné.
Photo de Tom Fisk