Bonjour les enfants, 

Content qu’on parle de la pêche et des poissons. Petit, j’accompagnais mon grand-père à la pêche à la crevette et aux crabes. C’était dans les années 1980. C’est bien loin. Nous revenions à pied les seaux pleins de crevettes et de crabes. Mon grand-père avec le sourire aux lèvres, fier d’amener le repas de la journée pour toute sa famille nombreuse. Je me souviens d’un jour, sur le chemin du retour, il s’est arrêté, a posé les seaux, s’est retourné vers moi. Il m’a pris les mains et m’a regardé dans les yeux. Tu sais Côme quand j’étais petit il y avait beaucoup, beaucoup plus de poissons, de crabes et de crevettes. Nous devons prendre soin des ressources de la mer. Elles ne sont pas infinies. Nous ne devons pêcher que ce que nous mangeons. Cette phrase est restée gravée dans mon cerveau jusqu’à ce jour. Et puis, je suis passé à des choses « plus importantes »... 

Plus tard, j’allais à la pêche miraculeuse des éperlans. Ma mère peinait à tous les cuir. Comme une frénésie de consommation. Et puis, je n’ai plus pêché. Je n’ai même plus pris le temps de regarder la mer et la plage. J’étais dans le numérique. Je créais le monde du futur à 100 à l’heure. 17 ans plus tard, je suis retourné à la pêche avec mes enfants. C’est désolé que j’ai réalisé que la mer s’était vidée. Plus de crabes au bord des plages, plus de crevettes dans l’épuisette. Même le goémon avait disparu en quelques décennies. On était dans les années 2000. Alors les pêcheurs ont construit des bateaux de plus en plus gros pour aller de plus en plus loin, pour piller les eaux internationales. Personne ne les voyait. Ils étaient dans les eaux internationales. Avec les poissons, les poissonneries ont, petit à petit, disparu dans les grandes villes. La vente des poissons a atterri dans les supermarchés. Je m’en voulais de ne pas avoir vu, de ne pas avoir senti. J’avais honte. J’ai culpabilisé. Un jour à la fin d’une pêche avec ma mère, je me suis dit  : mais que faisons nous? Et dire que le problème est mondial. Depuis cette prise de conscience, quand je regarde la mer, je pense à cette machine infernale entre lobby, industrie, subventions et grands de la distribution. Je remercie le cycle naturel des choses d’avoir naturellement rééquilibré notre surconsommation de poissons. 

Dans la fin des années 2030 et durant les années 2040, avec la faillite des supermarchés et la suppression des subventions aux pêcheurs industriels, le modèle de distribution du poisson s’est écroulé. Les petits pêcheurs ont conservé leur activité. Les gens ont mangé moins de poisson, plus cher. Le prix des transports ayant augmenté. Naturellement, cela devint encore plus coûteux de trouver du poisson dans les terres. L’écosystème a commencé à se reconstituer naturellement. Les petits pêcheurs ont retrouvé plus de poissons sur les côtes. Les pays d’Afrique pour qui les poissons étaient une source importante de nourriture n’ont pas reproduit le modèle occidental de l’industrialisation de la pêche malgré la pression de la population croissante.

Depuis 2050, l’ONU a pris en charge le contrôle par satellite des eaux internationales. Il devient très difficile pour les braconniers de tricher. Ces changements ont eu un impact sur le réchauffement climatique. 

Merci au mouvement naturel de la vie. Les enfants profitez bien de la plage et de la pêche. Et rappelez-vous, prenez soin des ressources de la mer. Elles ne sont pas infinies. Ne pêchez que ce que vous mangerez.

Crédit photo chalutier cargo