Samedi 18 décembre 2066:Aurélien, caisson sonore à la géode
Un voyage dans le monde du son!Ce chapitre, je voudrais le dédier, à mon frère luthier, musicien et chanteur, à ma compagne sonotherapeute, pianiste et chanteuse, à mes collègues arts thérapeutes qui utilisent la musique, le son et la voix dans leurs accompagnements et à ma mère orthophoniste spécialiste de la rééducation de la voix, à mes amis et parents qui font de la musique un voyage vers l'expression d'eux mêmes et à tous ces enfants passionnés hauts potentiels qui peuvent vivre des angoisses ou le sentiment de vide fasse à l'immensité de la connaissance et du savoir. Merci à tous ces gens qui croisent ma vie et qui me donnent l'élan dans la quête de ma propre voix

La semaine dernière Zoé est revenue de Paris où elle a passé une semaine avec des experts passionnés par le son. Elle était invitée par le réseau national de la connaissance du son.

Depuis qu'elle a 8 ans, Zoé est passionnée par tout ce qui a trait au son. Découverte incroyable ! quand elle a compris que le son est une onde.

Déjà toute petite, elle était fascinée lorsque Alice et moi lui chantions des berceuses. Elle s’endormait naturellement. On pouvait sentir son corps se détendre doucement pour finalement sombrer dans un sommeil réparateur. Nous nous retrouvions nous-même dans une paix profonde avec le sentiment d’être à notre place. Puis, elle a commencé à apprendre à jouer de la musique assez tôt, vers 5 ans. Elle voulait toucher à tout, entendre plein de sonorités différentes. Petit à petit, elle s’est arrêtée sur la guitare.

Après un Noël mémorable durant lequel son arrière-grand-oncle luthier avait pris une de ses guitares pour jouer et chanter à tue-tête. Voyant l’émerveillement de Zoé, il s’était arrêté au milieu d’un solo. Il l’avait regardé avec tendresse et lui avait dit, simplement, comme ça, sans en avoir l’air : « Je te la confie. Que le blues soit avec toi. ». Elle n’avait pas tout compris. Le temps avait suspendu son vol avant qu’elle ne saisisse l’instrument. Elle n’avait pas arrêté de jouer de la nuit. Au matin, mon grand-oncle avait maugréé que même à son âge, il était encore possible de faire des conneries sur un coup de tête…

L’année dernière, elle a décidé d’apprendre le solfège pour pouvoir jouer avec les autres des partitions connues. Elle a appris très vite. Elle trouvait magique de pouvoir interpréter la langue du son.

Elle a voulu tout savoir sur le son, sur les ondes, sur la réfraction, la diffraction. Elle s’est intéressée à l’acoustique, la musique électronique, la conduction sonore des matériaux. Elle a même découvert que le son pouvait être thérapeutique. Il y a quelques mois, elle avait participé avec le groupe de musique de l’Agora à la réalisation d’une enveloppe sonore improvisée. Elle avait été marquée par la libération que cela avait été pour une des personnes du groupe. Il avait pleuré, ri et remercié le groupe. L’art-thérapeute lui avait expliqué que les vibrations des instruments libéraient les tensions enkystées dans les corps. Elle avait ensuite découvert la sono thérapie avec des bols et des diapasons. Elle voulait toujours en savoir plus. Elle ne parlait que de ça, elle ne faisait que ça. Rien d’autre ne l’intéressait.

Elle a même été partie prenante dans le projet d’isolation phonique de certaines pièces de l'Agora du village. Durant ses explorations, elle était rentrée en contact avec d'autres personnes passionnées par le sujet et là à 10 ans elle a été invitée à Paris à la Géode à la Villette pour une semaine de partage pluridisciplinaire autour du son, animé par un des plus grands chercheurs sur le sujet, par un musicien expert en prise de son, par des emaüsiens. Elle a passé une semaine à explorer, découvrir, expérimenter tout sur le son. Elle est revenue avec un sampler de récupération qu’elle a réparé elle-même durant la semaine.

Elle a été choquée d’apprendre que le son ne passait pas dans le vide. Et que des chercheurs étudiaient comment faire émerger le son du vide en travaillant sur le transfert quantique.

Cette semaine tout le monde, à l’Agora, était inquiet. Elle n’a pas prononcé un son. Elle était murée dans un silence de tombe. Tout le monde pensait que son voyage s’était mal passé. À la maison, elle nous disait qu’il n’y avait rien de grave, mais qu’elle avait besoin de réfléchir.

Hier soir, elle nous a annoncé qu’elle avait réalisé qu’elle ne savait rien. Nous avons échangé jusqu’à très tard. Ses frères étaient agacés. Ils disaient que le petit génie jouait les fausses modestes pour qu’on s’intéresse à elle. Elle avait fondu en larmes. Elle nous avait dit qu’elle voulait apprendre et qu’elle sentait qu’elle devait faire des mathématiques et de la physique. Elle avait peur d’avoir pris du retard. Nous avions éclaté de rire, la rassurant sur le sujet.

Crédit Photo Guilhem Vellut

Jean-Christophe LÉONARD
18 décembre, 2021
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