Salut l’agora,
Mathias part bientôt en apatriage au Canada. Le 2 janvier, il embarquera sur un cargo à voile depuis Saint-Nazaire pour aller à Halifax au Canada d'où il prendra le train pour traverser le pays jusqu'à Vancouver. Quel périple pour un jeune de 15 ans!Heureusement qu’il ne sera pas seul.
C'est chouette ce système d'apatriage qu'on retrouve un peu partout dans le monde. Il permet aux jeunes de découvrir d'autres cultures, d'autres façons de penser, d'être moins centrés sur ce qu’on vit en France. Il y a tant de diversité dans le monde.
Pat, si tu lis l'almanagora cette semaine, ça me rappelle notre tour du monde. Il y a 20 ans déjà. Et dire que tu n’as toujours pas posé les valises. Lisez un peu ces rapports d’étonnement.
Au Burkina Faso, quand tu prends un taxi, tu as intérêt à savoir qu’il faut négocier et payer la course avant de partir. Ce n’est pas une arnaque, mais juste que le chauffeur n’a pas les moyens de payer le carburant de la course.
Si tu lui demandes de te déposer dans un restaurant typique, il t’arrêtera dans un maquis. Ce n’est pas un lieu de contrebande. Juste un lieu d’échange simple et convivial dans lequel tu peux manger des “poulets-bicyclettes”. Ce n’est pas que les poulets savent pédaler mais c’est comme ça qu’ils sont acheminés au maquis.
Si tu cherches un coiffeur, il faut te lever tôt. Il n’y en a juste pas pour les gens qui n’ont pas les cheveux crépus. Plutôt que dormir à l'hôtel, je t’invite à grimper sur le toit d’une maison en banco pour dormir la tête sous les étoiles. Lorsque tu voyages dans le Sahel, tu peux tomber sur des mosquées tout en banco avec du sable au sol. L'atmosphère prête au recueillement.
Je me rappelle d’un soir dans un village, nous avions entendu les djembés au loin. En suivant la musique, nous étions tombés sur une fête des masques. C'était très impressionnant de voir des personnes en transe.
Au Brésil, quand tu veux boire un verre, il y a des cachaserias, des bars à rhum, et pour manger, il y a des churrascarias : des restaurants de viandes à volonté tellement éloignés de nos régimes alimentaires actuels.
En Australie, si tu attends sur le bord de la route, tu peux voir passer des road trains (trains routiers), des énormes camions tirant 3-4 remorques à travers le pays. Lorsque tu regardes les bus, tu es surpris par les énormes pare-buffles. C’est juste que les bus ne peuvent pas s'arrêter lorsqu’ils croisent un kangourou. C’est d’ailleurs en Australie qu’on a appris que les animaux s’enfuient toujours en traversant la route pour prendre de la vitesse plutôt que de s’écarter de la route.
En Indonésie, entre les temples de Bali et les mosquées de l'île voisine, tu as l’impression de changer de pays.
Au Portugal, je comprends pourquoi ils gèrent si bien les pénuries d’eau actuelles. Ça fait 40 ans qu’ils collectent l'eau de pluie. On aurait peut-être dû suivre leur exemple plus tôt. Je dois avouer que ça m’avait inspiré lorsque j’étais revenu au village pour gérer l’eau après notre tour du monde, dans les années 40.
En Angleterre, si tu traverses la rue, tourne la tête à droite avant de t’engager sinon tu prends de gros risques… les voitures roulent dans le sens inverse du notre. J’avais fini par tourner la tête de droite à gauche puis de gauche à droite pour être certain de ne pas me tromper. Je suis tombé raide dingue de leurs fish and chips.
En Allemagne, évite de traverser en dehors des clous, tu risques un PV.
En Suisse, quand tu penses t’engager sur une petite route, tu te retrouves sur une autoroute. Les couleurs des panneaux sont inversées. S’ils t’arrêtent et que tu n’as pas de macaron, il faut payer l’amende immédiatement. Je t’assure que ça ne t’arrive qu’une fois.
En Italie, tu t’installes tranquillement à table. C’est sympa. Il y a des gressins - petits pains très fins à grignoter - sur les tables. Au moment de l'addition, tu t’aperçois que c’est facturé tout comme les couverts.
Aux États-Unis, n’oublie pas de laisser un pourboire, tu comprendras vite pourquoi le serveur te fait la tête. C’est avec les pourboires qu’il gagne sa vie et en plus cela signifie que tu n’es pas satisfait de son service. En voyageant, tu t’aperçois aussi que les lois ne sont pas nécessairement les mêmes entre les États.
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Je ne te parle pas des boulangeries, quasiment partout tu peux oublier le bon pain au chocolat au petit déjeuner. Et là tu te dis mais bon dieu comment mangent-ils leur fromage?
Je trouve que tous ces rapports d’étonnement sont importants pour prendre conscience que notre univers et notre vision du monde nous est propre.
Si vous aussi dans vos apatriages vous avez noté des rapports d’étonnement, n’hésitez pas à les partager pour tout le monde. Ça permettra à d’autres d’éviter des quiproquos.
Je suis preneur de bons tuyaux pour Mathias au Canada.