Lundi 18 avril 2067: Moussa, le retour vers mes racines
Pour quelles raisons les personnes émigrent-elles? Que fait-on pour traiter les problèmes à la source? Demandez à des Français d'origine portugaise, italienne ou espagnole, ils ont souvent encore des attaches avec leurs pays d’origine. Des personnes politiques ont de grands discours sur l’immigration, que ce soit sur l’accueil des gens ou la fermeture des frontières. Dans le chapitre du jour, Moussa décide de retourner au pays. Découvrez son histoire.

Comme l’a dit Côme ce weekend, Nei beogo mes amis, 

Il y a 44 ans, je débarquais sur les rives de Lampedusa. Depuis, je n’ai pas mis un pied en dehors de France. Vous m’avez accueilli. Vous m’avez permis de retrouver un sens à ma vie. Vous m’avez offert un beau métier, celui de boulanger. Vous m’avez reconnu comme l’un des vôtres. J’ai participé activement à faire vivre les changements démocratiques que notre pays à vécu. Je dis notre pays car je me sens français tout comme vous.

En posant les pieds sur le sol français, j’ai abandonné ma religion. Les dérives des islamistes dans le Sahel m’avaient fait perdre la foi. Je voulais tout faire pour ne pas être rejeté. Et pourtant 44 ans plus tard, j’ai la nostalgie des 7 mosquées de mon village, Bani, au Burkina Faso. Je ferme les yeux et je retrouve le jeune garçon, que j’étais, s’échappant des chaleurs terrassantes pour pénétrer dans la paix et la quiétude de ces mosquées fraîches sous leurs murs et leurs toits d’argile rouge. Dans ces moments, je savais que dieu existait. Les moments de prière sur le sable me manquent depuis tant d’années.

Voilà vingt ans que mon pays m’appelle. Je n’ai pas voulu entendre. Je viens d’avoir 60 ans. Je vieillis. Je me sens lourd. Je sens que quelque chose ne tourne plus rond dans ma vie. Voilà maintenant 4 ans que Sarah est partie. Jamais elle n’avait visité mon village. Jamais elle n’avait visité le Burkina. Quand je pense à mon village, mon cœur s’allège. 

Je ressens le besoin de retrouver mes racines, de retrouver la prière, le recueillement des mosquées. Je ressens le besoin de retrouver l’arbre à palabre. Je suis avide de découvrir tous les changements survenus depuis tant d’années dans mon pays natal: l’Agora locale, les plantations d’arbre, les systèmes de captation de l’eau, les buffles des éleveurs peuls, etc. Je me sens à même de supporter le voyage et les rudes conditions de vie. Je sens que mes racines sont plongées dans cette terre ocre. Je me sens homme intègre du Burkina Faso (Le pays des hommes intègres)

La boulangerie est maintenant entre de bonnes mains. Je voulais vous remercier pour tout ce que vous m’avez donné. Comme l’a dit Côme, je pars le mois prochain via le transarahrien au Burkina. J’arriverai par le nord, tout un symbole de paix pour moi.

Bilfou mes amis

Commentaire : 

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le transaharien voici un peu d’histoire https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_fer_transsaharien

Jean-Christophe LÉONARD

Crédit photo Jeremy Bishop

Partager ce post
Archiver
Se connecter Pour laisser un commentaire