Ce soir, rassemblement à l'agora pour la journée anniversaire de la constitution du 25 avril 2030. C’est devenu un rituel partout dans le pays. Les facilitateurs, les sociologues, les philosophes, les psychologues, les coachs et finalement les personnes qui en ont le désir, animent des discussions. Ce sera des temps d'échange et de partage. Certains feront des propositions pour faire vivre les conseils citoyens, pour faire vivre la démocratie participative en Europe, pour prendre soin du groupe et de notre village, et finalement pour mieux vivre. C’est un moment important, solennel. Chacun a conscience qu’il a sa part de responsabilité pour faire vivre la démocratie. Ce n’est pas imposé. C’est naturel.
Les gens n’en ont pas conscience mais les débats furent intenses et rudes durant les années 2028, 2029 et 2030 quand les français ont eu à se pencher sur leur future constitution. En 2028 et 2029, il y a eu tout un processus pour favoriser la création de communs, dans plein de domaines: l'eau, la forêt, l'alimentation, l'éducation, la santé, les infrastructures. Partout en France, la création d’Agoras locales, de tiers lieux, d’écovillages a été soutenue pour offrir des cadres d’échange et d'apprentissage de la démocratie participative et de la collaboration. L'impact a été énorme. Les gens en vivant ce changement découvraient aussi d'autres rythmes de vie plus en lien avec le vivant, avec les autres. Le temps ralentissait et en même temps devenait plus dense. Les luttes pour l'accès aux matières premières ont été remplacées par des coopérations entre les régions, les pays. Des guerres de sont arrêtées.
En écrivant cela, je me demande, encore, comment tout ceci a pu se passer si vite. Sans doute que le réchauffement climatique et la pénurie de matières premières ont eu l’effet d’un électrochoc. J’aime à croire à l'effet papillon, au mouvement fractal, au mouvement naturel du vivant. Le changement s'était disséminé dans le monde comme une traînée de poudre. Je pense que les gens avaient compris que pour préserver la planète et l'humanité, il fallait accepter d'explorer un fonctionnement de la société basé sur la coopération plutôt que sur la compétition.
A l’époque, plusieurs partis politiques avaient envisagé une 6ème république, mais elle ne faisait plus sens pour un grand nombre de français. Beaucoup de français pensaient que les enjeux étaient trop importants pour rester sur la même dynamique. Il redoutaient un toilettage contre productif. Finalement, une autre ère est née, l'ère de la coopération et de la connaissance. Nous sommes encore dans la première république de cette nouvelle ère.
Dans les années 1990-2000, des penseurs comme Michel Serres avaient annoncé cette ère de la connaissance. Il a conceptualisé les arbres de connaissances qui sont utilisés par la plupart des étudiants, des agoras, pour visualiser leurs apprentissages, leurs connaissances et leurs expériences. Chacun est libre de gérer son arbre de connaissance comme il le souhaite. L'arrivée d’internet a ouvert la connaissance à l’ensemble de l'humanité.
Plusieurs éléments forts ont été intégrés à la constitution:
Le principe de responsabilité individuelle et collective de chacun.
Le principe de protection de notre bien commun et indivisible la Terre. Des états comme la Bolivie et l'équateur avaient d’ailleurs intégré, dès les années 2008, 2009, la notion de buen vivir dans leur constitution. Ce qui s'apparente à la notion d'épanouissement personnel et collectif développé par la France à partir de 2027. (IEPC indicateurs d'épanouissement personnel et collectif).
Le principe de Commun pour tout ce qui a attrait au vivant et à l'humanité. Ce qui a eu beaucoup d’impacts comme la non brevetabilité de ce qui a attrait au vivant.
Jean-Christophe Léonard
Crédit photo: Jean-Christophe LEONARD