J’aime écrire dans cet Almanach. J’aime y déposer des mots que les gens qui m’entourent pourront parcourir, et lire les leurs. Qu’il s’agisse de faire ou d’être, toutes ces facettes quotidiennes de l’humain qui font que nous sommes ensemble, et vivant. Un drôle d’animal collectif à la fourrure changeante au fil des saisons. Souple, et agile. En mouvement. Je ne me sens pas très souple et agile, physiquement, avec l’âge mais tout ceci me donne les gambettes d’une petite fille, ce livre qui circule, ces pages volantes. Hier, la griote est venue me voir, Iolé. Elle est marrante, très investie dans son nouveau rôle. Fière. Elle peut l’être ! Ce qui me plaît, c’est son attachement à faire parler tout le monde, et son petit faible pour le passé. Elle a envie d’aller voir les anciens, de les questionner. Elle qui a perdu ses grands-parents au moment de la crise migratoire, elle cherche sans doute ses attaches, des racines d’ici, pour que la greffe prenne. On a des connivences, elle et moi, avec l’écrit comme support magique de communication. Elle est venue, elle débordait de questions et d’énergie, j’ai commencé par la lester un peu avec ma tarte aux noix, recette de ma grand-mère. Un bon thé de thym avec ça, le silence est apparu et nous a permis de nous recueillir un instant. Et puis elle m’a demandé comment est apparu cet outil d’Almanach et comment est-ce que j’y avais participé… C’était en 2021… Quand l’Agora a été créée. On cherchait un média de communication participatif, quotidien, proche du journal, mais pas un journal intime, pas un blog, pas un journal de presse… L’idée était de casser les codes de l’écriture qui exigent qu’un auteur s’adresse aux autres et présentent son point de vue personnel, individuel (pour ne pas dire individualiste (!). Alors ont eu l’idée de ce journal circulant de mains en mains, permettant à chacun•e de mieux connaître les membres de l’Agora et à chacun•e de participer à l’écriture collective de notre récit de territoire. Cela a bien marché la première année, mais au fur et à mesure, on s’est rendu compte que l’Almanagora (l'Almanach de l’Agora) ne circulait pas toujours, il restait parfois sur un coin de table pendant quelques semaines, on perdait le fil… Alors l’idée est apparue qu’un griot ou une griote se charge de l’animer, de le faire circuler entre les mains du plus grand nombre, pour qu’il reflète notre histoire commune.
Mardi 18 janvier 2067 Marianne, l’histoire de l’Almanagora
Connaissez-vous l’arbre à palabre que l’on retrouve dans des pays d’afrique? C’est le l’arbre sous lequel les décisions du village sont prises. En 2067, les Almanagoras sont un peu ces arbres à palabres dans lesquels les personnes peuvent partager leurs nouvelles, leurs humeurs, leurs projets... Ici Marianne nous raconte l'histoire des premières Almanagora.