Réponse de Carole à sa fille Iolé (https://www.agoradespossibles.com/blog/2067-l-agora-des-possibles-4/post/dimanche-6-fevrier-2067-iole-mon-histoire-dans-la-peau-112)
Iolé m’a donné ce carnet. Je me demande si c’est en tant que griote ou en tant que ma fille, qu’elle l’a fait. Mais quand j’ai ouvert la page et que j’ai vu, au crayon à papier, à la page du jour, les questions qu’elle m’avait notées, j’ai compris. J’ai compris que cet almanagora lui donnait l’autorisation de comprendre son histoire, au-delà de l’histoire du village. Alors, comme je suis sa mère, et habitante de cette Agora, je vais faire ma petite part de cette histoire. Et construire quelques pièces du puzzle.
Quelle était ton enfance ?
Je suis née en 2019, ici au village, à la maternité. J’allais à l’école du village, je me souviens des fêtes de villages, du potager partagé qui grandissait à vue d’œil tandis que rétrécissaient les jardins privés. Tous les changements dûs au grand basculement. À commencé par la libération de l’école. Et dire que quand j’étais toute petite, les collèges existaient encore! Je me souviens, j’avais presque 10 ans, quand l’éducation nationale a demandé à chaque territoire de s'occuper de l'école. Les villages se sont organisés différemment. Le nôtre a décidé de créer un espace d’apprentissage multi-niveaux. La direction de l'école est revenue aux parents, aux élèves et à la collectivité. La première décision marquante fut de dissoudre le calendrier scolaire. L’école serait ouverte toute l’année. Ma petite sœur, Alice, trouvait cela injuste de ne plus avoir de grandes vacances d’été, mais moi je trouvais cela génial qu’elle ait la possibilité d’aller à l’école quand elle le souhaitait, sans contrainte d’horaires et de calendrier. Nos parents étaient un peu perdus, dans tout cela, mais comme ils étaient agriculteurs, l’été, ils proposaient plein d’activités sur les légumes d’été. Ne plus fermer les écoles l’été permettait à tous les enfants d’être plus connectés à la nature. Les écoles étaient plus libres et ouvertes pour les étudiants et les staffs accompagnants.. Nous, on aimait bien aller à l’école, dans ces conditions, alors on y allait souvent et des fois, c’est l’école qui venait à la maison. On accueillait tous nos camarades pour leur faire visiter l’élevage de moutons. C’était un de ces bazars ! Un joyeux bazar où chacun cultivait l’envie d’apprendre, à son rythme. Je me rends compte que je dévie totalement du sujet. Je reprendrai demain, je dois filer. J’ai la toiture des halles à réparer, et ils annoncent de la pluie demain, ça urge !