Samedi 16 avril 2067: Paul, coupe du bois pour le dôme
L’aventure de Paul continue. Cette semaine, il a coupé plusieurs arbres de 80 à 110 ans pour construire le nouveau dôme géodésique de l’agora des possibles. Quelle émotion que de voir tomber cet arbre gigantesque, mort sur pied en quelques semaines suite à une attaque de scolytes.

Cette semaine, Pierre, le garde forestier de la coopérative la Forêt Vivante, m'a appelé. « Salut Paul, c’est pour aujourd’hui. ». Les paroles de Pierre ont raisonné dans ma tête et traversé mon corps. Entre panique et excitation, je montais et descendais dans la maison en chantant « Ça y est, c’est pour aujourd’hui. Ça y est, on va commencer le dôme». J'étais trop content de pouvoir assister à la coupe du bois. Impossible de trouver mes gants puis mes bottes. Je n’avais pas fait ce qu’il fallait. Papa m’a dit de me calmer et que ce n’était pas moi qui allait couper l’arbre et qu’il faudrait me tenir à carreau quand les arbres tomberont. Il m’a dit que tout se passerait bien avec Pierre et Jean-Marc. Papa m’a déposé en lisière de forêt. Et tout a commencé.

Jean-Marc, le bûcheron, n'était pas un rigolo. J’ai l’impression qu’il a bien senti mon excitation et mon inquiétude. Il m’a conseillé de regarder d’assez loin et de me tenir proche d’un autre arbre pour me protéger en cas de mauvaise chute. Il a, ensuite, discuté avec Pierre pour regarder où faire tomber les arbres. Pour le premier, il devait tomber entre deux souches. Pour le deuxième, il devait tomber entre deux arbres en faisant bien attention de ne pas trop les toucher. Pour le troisième, il fallait faire attention qu’il ne tombe pas sur le premier arbre pour ne pas risquer de le casser en deux en tombant. Enfin pour le quatrième arbre, il fallait éviter d’endommager un mur de clôture en pierres sèches. Après, Jean-Marc a commencé à couper le tronc. Il s'est appuyé contre de l’arbre en écartant les bras pour estimer où le tronc allait tomber. Une fois l’axe de coupe bien établi, il a fini de scier le tronc et l’arbre est tombé pile à l’endroit prévu. Il est super fort Jean-Marc. Il a enchaîné les 4 arbres à une vitesse incroyable. J’ai calculé. Il a mis 3 minutes 21 secondes maximum pour couper un arbre. C’est l’élagage qui prend plus de temps. Avec Pierre, nous avons enlevé les branches coupées et mesurer la longueur et le diamètre du tronc au milieu de l’arbre pour calculer le volume de bois. En tout, il y avait pour 12 m3 de bois. Plus que ce dont nous avons besoin pour la structure du dôme. On le savait. D'ailleurs avec Pascal, on a décidé de couvrir le dôme de bois.

Après la coupe, avec Pierre, nous avons compté les cernes des arbres. Ils avaient entre 80 et 110 ans, à quelques années près. C'est fou. Les arbres sont plus vieux que papa et même que papi. J’ai d’un seul coup ressenti une grande responsabilité pour faire un dôme à la hauteur de ces arbres. En même temps, ces arbres ont été tués par les scolytes. Ils étaient secs sur pied, et donc idéaux pour attaquer tout de suite le dôme. C’est incroyable de penser que ces arbres qui ont vécu autant de temps sont morts si vite à cause de toutes petites bêtes. C’est la loi de la nature dirait papa. 

Ensuite Jean-Marc a fait des morceaux de 4 mètres pour pouvoir emmener le bois, avec son cheval de trait, en bord de route puis à la scierie. Je pense que c’est un comtois. Il est énorme son cheval avec des muscles démesurés. Il tirait les billes des bois comme si de rien n’était. Il avait l’air d’aimer faire ça. 

Avis à la scierie! Pascal, le bois arrive. On va pouvoir tailler les planches et monter les triangles du dôme.

Je suis fatigué ce soir. Je vais me coucher.

Jean-Christophe LÉONARD

Crédit photo Jean-Christophe LÉONARD (Du vécu…)

Jean-Christophe LÉONARD
16 avril, 2022
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