L’autre jour, Jacques, un enfant de l’agora, m’a demandé ce qu’est l’anarchie. Un parent leur avait dit qu’à l’agora, avec notre gouvernance partagée, nous étions dans l’anarchie.
L’anarchie a longtemps eu une connotation péjorative. Elle a longtemps été vue, par les gens, comme « n’importe qui fait n’importe quoi ». Les gens l’assimilaient au désordre, au chaos, à la confusion, aux troubles, aux émeutes, à la pagaille. Cet état de fait, venant à la fois de périodes de notre histoire où des gens, se revendiquant anarchistes, souhaitaient renverser le monde en luttant pour faire tomber le pouvoir et amener l’anarchie, mais également d’homme politique voulant cristalliser leurs actions en focalisant sur le caractère violent de leurs actions, en donnant une connotation négative à la notion d’anarchie. Un peu comme l'œuf et la poule, ces deux parties ont alimenté la confusion dans ce qu’est l’anarchie.
L’anarchie est autre chose. Je reprends la définition de wikipédia:
« L’anarchie est une société fondée sur la démocratie directe sans système de pouvoir vertical tel qu'un gouvernement non soumis au peuple (les anarchistes prônent le mandat impératif et le référendum d'initiative populaire), une économie d'exploitation (refus de l'existence du salariat, des monopoles, des cartels, du capitalisme d'État) ou une religion d'État. C'est la situation d’un milieu social où il n’existe pas de rapports de pouvoir verticaux, de chefs imposés, d’autorité centralisée ; une société où chaque personne, groupe, communauté ou milieu est plus ou moins autonome et souverain dans ses relations internes et externes. Il existe toujours une organisation, un ordre et une loi, mais ces derniers émanent directement du peuple et non d'une entité de domination distincte qui serait dotée d'un pouvoir de coercition hors de la société elle-même. »
Tu vois Jacques, on est bien loin de ce que certaines personnes pensent encore aujourd’hui de l’anarchie. Dans notre fonctionnement en gouvernance partagée à l’agora, tu peux voir une forme d’anarchie dans la mesure où nous fonctionnons en auto-gestion. Nous n’avons pas d’autorité centralisée. Chaque personne après une sollicitation d’avis peut lancer n’importe quel projet. Il y a un cadre précis qui peut évoluer en fonction des personnes composant l’agora. Je vois le fonctionnement de l’agora des possibles plus comme un système vivant autonome que comme l’anarchie. En tout cas, 45 ans après la création de l’agora des possibles, on a pu montrer que l’anarchie fonctionne et qu’elle fonctionne plutôt beaucoup mieux que le système centralisé que nous avions avant la nouvelle constitution.
C’est d’ailleurs comme cela que cela a commencé à bouger dans les années 2020. Beaucoup de tiers lieux, d’entreprises, d'associations, de collectifs se sont créés avec ce mode de fonctionnement. Ils ont montré que cela fonctionnait. Ils ont essaimé. Au moment où la France a commencé à s'écrouler. Ce mode de fonctionnement a naturellement inspiré la nouvelle constitution.
Jean-Christophe Léonard